Les vêtements, la mode et moi

J’ADORE le magasinage…

(= faire les magasins) et je kiffe de passer des heures dans un centre commercial. Vrai ou faux ?

Toutes ces lumières, ces musiques différentes, ce monde partout, et cette odeur de neuf… un vrai régal sensoriel. Ça peut m’occuper des journées entières de parcourir toutes les boutiques, de fouiller parmi une infinité de choix (il y en a tellement que ça donne le tournis, je les voudrais tous), d’essayer, de chercher la coupe parfaite, la bonne taille, la bonne couleur, de réessayer encore, d’hésiter, d’aller voir dans la boutique d’à côté (il y a peut-être quelque chose de mieux), de réessayer de nouveau, de retourner dans la première boutique (je ne suis plus très sûr duquel me va le mieux) et finalement d’acheter un vêtement.

Ouf, je suis toute exaltée par cette activité!

Et la beauté dans tout ça, c’est que je ne suis même pas obligée de passer par toutes ces étapes. Si je suis pressée ou en manque d’énergie, j’achète sans trop y penser puisque ça ne coûte quasiment rien.

Et puis ce chandail à 10$ que je viens de m’offrir

(oui c’est un cadeau que je me suis fait, je n’en n’avais pas vraiment besoin en fait), se lave à la main (ça ne m’arrange pas, j’ai oublié de regarder l’étiquette), n’est finalement pas de la bonne teinte (les néons des magasins la changent) et ne s’accorde avec aucune chaussure ni aucun pantalon que j’ai (c’est compliqué de s’habiller et d’être parfait). Je ne sais pas vraiment pourquoi je l’ai acheté en fait.

Mais j’ai toujours une solution : si la couleur ne me plait pas, un premier lavage le fera déteindre. S’il est trop grand, le lavage ou le séchage le fera rapetisser. Et s’il est trop petit, après quelques fois porté, il va se détendre. Et  si je suis motivée, je le lave 3 ou 4 fois de suite : effet mode assuré avec l’usure du textile, certaines coutures qui font se défaire et laisser pendre quelques fils.

Au final, il aura trop déteint, trop rapetissé ou sera devenu informe, avec des trous à des endroits pas très « mode ». Alors je ne le porterais qu’une 10ème de fois (au mieux) avant de l’oublier définitivement dans mon placard. De toute façon, j’en ai acheté 2 autres la semaine d’après, je ne voulais pas rater le super solde de machin.

Bref, vous l’avez compris J’ADORE le magasinage. AU SECOURS ! Ça m’épuise, rien que d’y penser !

C’était mon expérience passée du magasinage, et j’avais clairement un questionnement de valeur et de besoin à faire.

 

Quelle valeur accorde-t-on à nos vêtements ?

Une valeur psychologique d’abord

mais qui a changé très vite au cours de ces dernières décennies. On dit que les vêtements qu’on porte révèlent qui on est… c’est le nouveau slogan de la mode vestimentaire. Et la vieille expression de l’habit ne fait pas le moine, tout le monde l’a déjà oublié ? Faudrait savoir !

Et souvent, nos vêtements nous aide à être en confiance, à apparaitre plus crédible. Pourquoi a-t-on besoin de nos vêtements pour être bien dans notre peau ? Mes deux garçons de 5 et 7 ans se fichent complètement de la manière dont ils sont habillés, ils attrapent le premier vêtement qu’ils trouvent. Ma fille de 10 ans commence à avoir une autre relation avec ses vêtements. Elle essaie plusieurs ensembles (elle développe son sens de l’esthétisme et cherche son identité, ce qui est étape nécessaire) et elle copie la manière de s’habiller de ses copines. Nous avons exploré le thème des vêtements avec un groupe de Sauvons la planète, et avons parlé de la mode. Ils se trouvent originaux en étant à la mode alors que finalement ils s’habillent tous pareil, curieux non ?

Une valeur monétaire ensuite

Les vêtements d’aujourd’hui sont si peu cher qu’on a l’impression d’être riche puisqu’on peut s’en acheter pleins. Mais finalement, à acheter pleins de vêtements on ne fait que s’appauvrir.

La seule chose qui coûte cher ce sont les vêtements d’enfants qui ne sont portés que quelques mois et deviennent trop petits. La belle contradiction !

Ce qui est déplorable, c’est qu’aujourd’hui, le prix élevé d’un vêtement n’est plus un gage de qualité. Pour répondre à une demande croissante des consommateurs qui veulent de plus en plus de vêtements et chaussures (et vite), pour s’assurer des objectifs de rentabilité et de marge toujours plus élevés, les fabricants diminuent la qualité.

Je rappelle juste un léger détail : les vêtements et chaussures sont fabriqués avec des matières premières qui proviennent de la nature et qui mettent un certain temps à arriver à maturité avant de pouvoir être utilisé. Donc pour répondre à cette demande de toute part, l’industrie fait des mélanges de produit de synthèses à base de pétrole et réduit la qualité de la matière brute.

Donc comme la qualité des vêtements et chaussures est de pire en pire, on est constamment obligé de s’en racheter des nouveaux.

En plus, les prix si bas baisse la valeur psychologique que nous donnons à notre vêtement. Nous n’avons même plus envie de faire l’effort d’en prendre soin ou de le réparer (la réparation coûte souvent plus cher qu’un achat neuf). Et on n’a aucun problème à s’en débarrasser rapidement. Ça n’a pas de valeur monétaire, alors pourquoi est-ce que ça mériterait notre temps ou notre considération?

 

Et elle vient d’où cette demande ?

La publicité, la mode, l’importance qu’on donne à notre apparence (signe de richesse, crédibilité, sentiment d’appartenance… ?), nous pousse à chercher constamment comment on devrait s’habiller.

Heureusement pour nous, la mode est là pour nous aider et nous orienter (manipuler ?) dans nos choix.

Il y a quelques années il y avait entre 2 et 4 saisons de mode par an, calées sur le rythme de la nature (printemps, été, automne, hiver), quelle coïncidence ! Aujourd’hui, nous sommes rentrés dans l’ère de la fashion week, qui comme son nom l’indique signifie 52 saisons de mode par an !! C’est ce qu’on appelle communément la Fast Fashion (dérivé du fast food).

Les prix toujours plus bas et les changements de style toujours plus fréquents, nous incite à acheter toujours plus. Comme la mode change tout le temps, les boutiques ne font plus de stock, alors si on repère un petit top mignon, le doute n’est plus permis, il faut l’acheter tout de suite car il ne sera peut-être plus là la semaine prochaine. S’amassent alors une quantité de vêtements inutiles dans nos placards. Comme, en plus, ça ne peut être que de la mauvaise qualité, on se retrouve alors contraint de racheter encore et encore. Et hop, nous voilà coincé dans le cercle vicieux.

Ben oui, comment peut-on seulement s’imaginer qu’un chandail vaut vraiment 10$ ? A ce prix-là, c’est certain que de bonnes conditions de travail dans toutes les étapes de fabrications ne sont pas respectés, que des enfants ont travaillés dans les champs de cotons bourrés de pesticides, que les produits toxiques de teinture et de lavage ont été déversés directement dans la nature, que rien n’est local, ni dans les matières premières, ni dans la confection.

Si vraiment on EST ce que l’on porte, est-on le genre de personne à cautionner et à encourager ce genre de pratique ?

Je suis loin d’être parfaite, par contre, maintenant que mes yeux sont grands ouverts, je suis beaucoup plus vigilante dans mes achats. Et ma répulsion pour les centres commerciaux et l’achat neuf m’oblige à trouver des alternatives !

 

Quel besoin a-t-on d’acheter des vêtements constamment ?

J’ai beau tourner la question dans tous les sens, je ne vois pas. Peut-être pouvez-vous m’éclairer ?

Et pourquoi l’industrie du textile s’évertue à nous confectionner des vêtements qui ne sont pas pratiques, qui ne répondent pas à nos vrais besoins de la vie de tous les jours ?

Mon besoin à moi est d’avoir des vêtements qui durent, qui se lavent en machine, qui laissent la peau respirer, qui sont confortables et qui sont kids proof. Qu’un haut ne soit pas transparent, qu’un pull ne se troue pas au milieu du dos, qu’une mitaine ne se découse pas sur les doigts, qu’un pantalon ne se troue pas aux genoux quand j’ai besoin de m’y mettre 1000 fois (pour consoler un enfant, lui faire un câlin, l’aider à s’habiller, nettoyer un dégât). J’ai besoin de chaussures confortables, avec lesquels je peux jouer dans le parc avec mes enfants et qui ne prennent pas l’eau si je marche dans une flaque d’eau.

Est-ce que c’est trop demandé ? Et si c’était à nous d’imposer à l’industrie du textile de nous confectionner les vêtements dont nous avons vraiment besoin, et pas à cette industrie de nous imposer tous ces trucs inutiles à porter ?

 

Pourquoi je parle de tout ça ?

Parce que l’industrie du textile a un impact majeur sur l’environnement (article en cours de rédaction), et qu’en tant que citoyen nous avons un pouvoir énorme dans nos choix et décisions d’achats qui vont se répercuter sur toutes les étapes de la fabrication d’un vêtement.

Alors s’arrêter 2 minutes et réfléchir à notre rapport aux vêtements pourrait être bénéfique pour faire de vrais choix.

Quel besoin assouvit-on en achetant des vêtements tous les mois? L’apparence a-t-elle tant d’importance ? Notre estime de soi est-elle renforcée en fonction des vêtements qu’on porte ? Tout ce temps à faire les magasins et des essayages a-t-il une vraie valeur ? Et nos enfants qui grandissent là-dedans, comment ça les influence ? Comment les éduquer à être des consommateurs responsables?

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